Rencontre avec le Dr Pierre Vernay : chirurgien-dentiste et explorateur-photographe !

Lecture : 8 minutes

Grand explorateur et photographe, Pierre Vernay parcourt depuis plus de 40 ans de nombreuses régions du monde et plus particulièrement l’Arctique où il entreprend ses expéditions polaires. Très vite remarqués, les clichés qu’il réalise lors de ses voyages lui permettront de participer à des reportages pour Ushuaïa et de nombreux médias français.

Si certains le surnomment « l’aventurier » une partie de l’année, d’autres l’appellent plutôt « docteur » ! Chirurgien-dentiste de métier, Pierre Vernay organise en effet son emploi du temps autour de ses expéditions et de son quotidien professionnel.

Chez Apol , nous sommes très fiers d’être partenaire de ses différentes expéditions depuis plus de 15 ans. Bien plus que du mécénat financier, le lien qui nous unit est avant tout un partenariat de cœur avec un homme au parcours hors du commun qui n’a de cesse de nous faire découvrir une nature sauvage et passionnante.

Aussi, ce sont ses clichés que vous pouvez retrouver sur nos cartes de vœux, sur notre stand au congrès de l’ADF ou encore comme emblème d’Incermed Distribution.

Dans cet article, nous vous proposons de partir à la rencontre d’un explorateur du monde hors du commun… Bonne lecture !

Depuis plus de 40 ans, vous parcourez les coins les plus sauvages de la planète, d’où vous vient cette soif d’exploration ?

J’aime explorer le monde qui m’entoure depuis mon plus jeune âge ! À 15 ans, je partais déjà à l’aventure avec des copains à vélo, avec mes cartes sous le coude. À 18 ans, c’était l’époque de la carte ferroviaire Interrail : on payait 800 francs et pendant un mois on pouvait voyager sans limite dans toute l’Europe. Avec mon ami Jean Yves, on en a profité pour partir à la découverte du Grand Nord, vers la Laponie. Nous sommes partis 3 jours et 3 nuits, dans la toundra, comme hypnotisé par cette nature vierge et sans limite pas très organisés et avec quasi rien à manger. Mais ça a été un véritable coup de foudre !

Après cette première expérience, à quel moment vous êtes-vous lancé dans l’expédition ?

Cette première approche nous a vite donné envie d’en voir plus !

En 1981, on a décidé de partir au Spitzberg, une île de Norvège, pendant un mois. À l’époque, on ne connaissait pas grand-chose à l’expédition, on s’est fait « sur le tas » comme on dit. Preuve en est, au bout de 15 jours d’aventure, on était morts de faim parce qu’on avait mal calculé nos rations de nourriture ! (rires) On en est même venus à faire les poubelles à notre retour au village. Un habitant nous a vu de sa fenêtre en train de fouiller et nous a invité le lendemain pour manger. On est restés 6h à table !

Qui sont vos compagnons de route ?

Jusqu’à il y a encore deux ans, Jean Yves Lapaix et moi, faisions encore les expéditions ensemble. C’est un compagnon de la première heure !

Mon grand frère Frédéric nous a rejoint 4 ans après, en 1985. On a l’habitude de dire que c’est moi qui l’emmène en expédition mais que c’est lui me ramène à chaque fois ! (rires)

À quel moment votre passion pour la photographie a rejoint celle de l’exploration ?

Ma passion pour la photo est là depuis le début. Mais ça a vraiment explosé en 2005 avec l’apparition du numérique : les photos étaient meilleures et nous n’étions plus limités par le nombre de pellicule.

Entre 1987 et 1993, on a eu la chance de réaliser des films pour Ushuaïa, Après ça a fait boule de neige : on a pu réaliser des reportages pour de grands médias français et on prenait à cœur de ramener de belles images.

Petite particularité : en parallèle de votre vie d’explorateur photographe, vous êtes aussi chirurgien-dentiste. Comment arrivez-vous à concilier au quotidien ces deux univers complètement différents ?

Dès le début, je faisais mes études en parallèle de mes voyages. L’exploration a toujours été ma passion et ma priorité n°1. La casquette de dentiste est arrivée un peu par hasard mais je ne regrette pas du tout mon choix.

Ce métier me permet d’organiser mon quotidien comme je le souhaite. Je ne me pose aucune contrainte, si je dois partir, je pars ! Jusqu’au début des années 2000, je prenais un remplaçant pour assurer le suivi de ma patientèle durant mes absences. Désormais, je ferme le cabinet et j’organise les rendez-vous en conséquence. Ça fonctionne très bien comme ça !

C’est un métier à la fois intellectuel et manuel. Aussi, il assure des revenus suffisamment conséquents pour que je puisse m’occuper de ma famille et financer mes expéditions.

Que vous apporte votre passion pour la photographie et l’exploration dans votre profession de chirurgien dentaire et inversement ? 

Mon métier de dentiste m’apporte une certaine rigueur, nécessaire aux expéditions. À l’inverse, lorsque j’ai des baisses de régime, je me remotive en pensant à mes futurs voyages. C’est vraiment ça ma source de bonheur !

Avez-vous eu peur à un moment de devoir faire un choix entre vos deux vocations ? Que pourriez-vous dire à des personnes qui pensent devoir renoncer à leur passion pour leur carrière ?

Je n’ai jamais envisagé devoir faire un choix entre les deux. En tant que chirurgien-dentiste, je ne suis pas carriériste. La reconnaissance, je la recherche surtout en tant que photographe et en voulant produire des images qui restent.

Si on a une passion, il faut la vivre. Le tout, c’est de trouver le bon équilibre et d’avoir la bonne personne avec qui partager sa vie, c’est mon cas. Quand je pars durant 3-4 mois en expédition, ça a forcément un énorme impact sur les membres de ma famille. J’ai la chance qu’ils comprennent et me soutiennent.

Vous parlez du fait de vouloir produire des images qui restent. Quelle est LA photo dont vous êtes particulièrement fier ?

Il y en a plein !

La première c’est sans nul doute celle que j’ai prise de bœufs musqués dans l’Arctique canadien. Lorsqu’on arrive là-bas, on se retrouve dans un village inuit de 200 habitants. Cette communauté a vu passer des génies de l’exploration polaire mais ils ont été très impressionnés par un cliché de bœufs musqués, pris à seulement quelques mètres de nous ! Cette photo les a fait vibrer, car le bœuf musqué est un animal assez agressif, qui charge dès que vous vous approchez. Il y a déjà eu des morts au sein de leur communauté. Nous, on est montés à cru à cheval et on a suivi ce troupeau. C’était incroyable, je me disais que je devais ancrer ce moment dans mon esprit car il ne se reproduirait pas.

Un autre grand souvenir plus récent c’est l’éclipse totale de soleil en 2015 au Spitzberg. De voir la nuit s’installer en plein jour, la température qui dégringole, voir une lumière ultraviolette à la surface de la neige… c’était magique.

Vous avez été récompensé au Wildlife Photographer of The Year pour une image de brame du cerf. Pouvez-vous nous raconter les coulisses de cette photo ? En la prenant, saviez-vous que cette photographie avait quelque chose de plus ? 

C’était au Danemark, dans une très belle prairie où l’orientation du soleil était parfaite ! Il y avait une espèce de brouillard qui a permis ce rayon de lumière et un cerf qui était là et qui voulait chasser un peu plus loin. Tous les paramètres étaient alignés pour faire une super image. En prenant la photo, je savais qu’elle était bonne. Quand on prend une très bonne photo, on le sent, on sait qu’il y a quelque chose qui se passe.

Vous êtes l’auteur de nombreuses publications, en quoi la transmission est-elle importante pour vous et quel message souhaitez-vous faire passer ?

Mon plaisir c’est de partager ce que j’ai vu au plus grand nombre. Je sais que l’expédition n’est pas à la portée de tout le monde et c’est pour ça que j’aime partager ma passion pour une nature complètement sauvage. L’Arctique est le seul endroit du monde où on se sent absolument libre. C’est un sentiment de liberté que je n’ai trouvé nulle part ailleurs.

Vous explorez le Grand Nord depuis des dizaines d’années, constatez-vous les effets du réchauffement climatique sur la nature et ses occupants ? 

Oui complètement. D’abord les températures : de -40° en hiver plusieurs jours d’affilés, désormais on ne dépasse plus les -30° -32°… Aussi, cela fait deux étés de suite que l’on part en kayak et on a eu 5 jours d’affilés sous abris, pas moins de 22°. Au soleil c’était bien plus élevé !

En Automne, la glace se reforme moins vite. L’hiver, l’épaisseur de glace fait moins de 50cm, ça devient dangereux. Il y a quelques années, on marchait encore sur 2m de glace.

En attendant de partir au bout du monde, avez-vous des endroits de prédilection en France ?

On a la chance d’avoir récupéré la maison du grand-père de ma femme à Cosne-sur-Loire, à 200km de Paris. Le vendredi midi je ferme le cabinet, on part et je reviens le lundi à 13h.

Pour l’amoureux de la nature que je suis, passer 3 nuits là-bas c’est un petit paradis. Je me promène dans la réserve naturelle nationale du val de Loire. Je suis seul avec mes appareils photos, la nature et les animaux. D’ailleurs, mon prochain livre sera sur la Loire. J’adore ce coin, il y a toujours des choses à voir !

Quels sont vos projets pour la suite ?

Cet été on part un mois à l’endroit où on a fait notre première expédition pour Ushuaia en 1987, au Groenland. J’y vais avec mon frère, en kayak pour retrouver ces paysages grandioses, équipés notamment de drones. En 2026, j’aimerais aussi y retourner pour observer une nouvelle éclipse de soleil.

J’espère continuer l’exploration, au moins jusque-là !

Pour découvrir les clichés et suivre les aventures de Pierre Vernay, rendez-vous sur son site web et sur sa page Facebook !

Pour des récits glaçants et des images toujours plus étonnantes, retrouvez son dernier ouvrage :  Aventure Arctique Pierre VERNAY aux éditions VILO.


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